Le gore au cinéma

Avant d'aborder les origines du cinéma gore au cinéma, il serait peut être intéressant d'en faire une petite description. Le gore est un genre privilégiant les images sanglantes et les mutilations les plus diverses, le tout dans une effusion de tripes. Bien que très présent dans le cinéma d'horreur/fantastique, le gore se retrouve aussi dans divers genres tels que le film d'action ou la comédie ("Machete" de Robert Rodriguez ou encore "John Rambo" de Sylvester Stallone). Souvent, la part de gore dans un film intervient épisodiquement avec, par exemple, des scènes d'exécution violentes ("Les Promesses de l'Ombre" de David Cronenberg). Enfin, il faut bien distinguer le gore sérieux et crasseux et le gore comique et parodique dans son côté outrancier et référencé. Le premier genre tend plus à choquer le spectateur, le tout dans une ambiance assez réaliste et très souvent noire, poisseuse et d'une violence extrême. Ce choc cache bien souvent un message sous-jaçant contre la société de consommation ("Zombie" de Romero) ou tout simplement contre le côté violent de notre société. Le gore satirique se retrouve dans les séries B et Z qui ont jalonnés le cinéma depuis les années 70. Beaucoup plus fun et plus détendu, ce genre est un exutoire, un festival de scènes violentes surréalistes devant lesquelles le sourire est de mise. Parfois engagés, le gore comique a trouvé ses jalons en la personne de Robert Rodriguez qui, en trois films ultra-référencés ("Une Nuit en enfer", "Planète Terreur" et "Machete"), a popularisé le trash sans limite, mais toujours fun, dans les années 90/2000.

Après avoir partiellement définit le genre, il serait intéressant de s'attarder sur ses origines. La toute première forme de gore remonte au théâtre du Grand Guignol, au début du siècle dernier. Leur spectacle adoptait avant tout un ton sanglant et réaliste.La première apparition de mutilation réaliste du corps humain dans le cinéma remonte vraisemblablement à Intolérance de D. W. Griffith (1916), qui comporte plusieurs scènes grand-guignolesques tels deux décapitations à l'écran ou 'une lance pénétrant lentement l'abdomen nu d'un soldat, le sang s'écoulant abondamment de la blessure. Dans le cinéma, le gore est lié au genre créé par l'Américain Herschell Gordon Lewis « le père du gore » en 1963, dont les film Blood Feast et 2000 Maniacs sont les plus connus. Dès les années 1970, le terme gore est utilisé pour désigner ce sous-genre du cinéma d'horreur. À partir des années 1980, le terme gore disparaît du langage anglo-saxon pour laisser place aux splatters, mais il reste d’actualité encore aujourd’hui dans le langage francophone. Un grand nombre de films peuvent être classés gore dans les années 1970 et 1980. On peut même considérer cette époque comme l'âge d'or du gore. Les Italiens se démarquent particulièrement avec des réalisateurs tels que Lucio Fulci (L'Au-delà), Ruggero Deodato (Cannibal Holocaust) et Umberto Lenzi (Cannibal Ferox).